LIVRES - LECTURES HISTORIQUES :
Un pavé qui vaut son pesant d'or !
Une brique de plus de milles pages pour amateurs d'histoire québécoise, canadienne, américaine et même européenne
Journal d'un fils de la liberté 1838-1855
Auteur : Amédée Papineau (fils de Louis-Joseph Papineau et de Julie Bureau)
Texte établi par Georges Aubin
Les éditions du Septentrion, Québec
Nouvelle édition revue et considérablement augmentée avec index
Montréal, le 13 avril 2010
Déjà auteur, militant politique et exilé à dix-huit ans, Amédée Papineau a connu un destin hors du commun. Fils aîné de Louis-Joseph Papineau et de Julie Bruneau, personnage original et libre-penseur, il a fait preuve d'une indépendance d'esprit qui l'a, écrivait-il, «jeté en dehors de la politique actuelle de [son] pays».
Un homme à l'esprit fort et indépendant
Le journal d'Amédée Papineau révèle un jeune homme qui s'intéresse à tout ce qui bouge à son époque : philosophie, économie, politique et religion, littérature, théâtre et opéra, sciences et techniques, architecture et horticulture, sans négliger l'histoire et un culte particulier pour la famille et les ancêtres. Membre fondateur de l'Association des Fils de la Liberté et de la Société des amis, membre de l'Institut canadien de Montréal, il considère les livres comme la première des quatre «récréations dignes de l'homme», les autres étant «les femmes, la chasse et la pêche».
Le Journal d'un Fils de la Liberté comprend sept «livres». Il s'ouvre sur les «événements» de 1837-1838 et se poursuit jusqu'au milieu des années 1850 au moment où, marié à Marie Westcott, une riche Américaine, l'auteur est protonotaire à Montréal.
Un journal écrit pour la postérité
Amédée Papineau, on le note dans le texte, écrivait vraiment ce journal pour la postérité.
Et si à la lecture de ces pages imprimées à partir de cahiers noircis à notre intention on a presque envie de dire que plus ça change, plus c'est pareil, il faut vraiment se retenir de juger trop vite. Ce pavé compte en effet plus de mille pages qui, même si elles dates d'un siècle et demi, sont toutes vraiment très intéressantes et tout de même parfois voire souvent à l'actualité tout aussi étonnante que contemporaine. Les extraits sélectionnés reflètent plus ou moins cette maxime puisque ça reste semblable, comme la descendance. Le dernier extrait s'avère tout particulièrement loquace à cet égard.
EXTRAITS
♦ Le Journal compte des entrées qui nous touchent de près encore aujourd'hui :
« Dimanche, 11 avril. Jour de Pâques. Très froid. Gelée. »
(Année 1841, p. 440)
♦ Annotations de Georges Aubin, une quantité formidable de notes explicatives qui nous aident à connaître non seulement les personnages ayant donné leur nom à certaines de nos villes mais également l'origine de dictons transformés à faire rougir de honte :
« Georges Boucher de Boucherville (1815-1894), patriote et futur auteur de Une de perdue, deux de trouvées, roman qui tire son inspiration des insurrections de 1837 - 38 et des conditions de l'esclavage en Louisiane. Boucher de Boucherville vécut un certain temps à la Nouvelle-Orléans, chez Nicolas Danneau de Muy, son parent.» (Année 1842, p. 528)
♦ Papineau passe cette année-là le 1er mai à Paris :
« Lundi, 1er mai : Fête du roi. Champs-Élysées, tentes, tréteaux, théâtres, mâts de cocagne, tours de passe-passe, etc. Soir, je me rends avec Lachance, à 5 h, sur la terrasse des Tuileries »
... Suit une description des feux d'artifices et lieux visités dans le Paris de l'époque (Année 1843, p. 581)
♦ Libéraux et Conservateurs, pétitions, questionnements sur la politique tordue des adversaires et virements de veste :
« Mardi, 16 octobre : Le manifeste annexioniste réunit aujourd'hui 997 signatures ; le protêt solennel à son encontre n'en avait, samedi, qu'une trentaine, et l'on dit que, tout confus, ces 30 l'ont déchiré ; ce protêt qui se ralliait avant tout à l'allégeance due et reconnue envers Sa Majesté la reine, et qui, pour tout remède au triste état de dépérissement qui tue la province, offre un voeu ardent pour que notre législature puisse découvrir un prompt remède à un état de choses, qui, s'il continuait encore un peu de temps, rendrait le mouvement annexionniste très formidable et dangereux, dans l'opinion même des protestants ! (On le prendrait presque pour une mystification, oeuvre d'espion dans le camp royaliste). Voilà où en sont les choses !
[...]
« Depuis, il est paru un autre protêt solennel, mais cette fois ce ne sont plus des tories forcenés, des ligueurs, qui l'ont signé ; non (le croirez-vous, postérité !), ce sont des chefs libéraux, des hommes de 37, les Leslie, Louis Viger, Price, Drummond, Morin, Cartier et enfin le héros de Saint-Denis, Wolfred Nelson !
qui jurent de leur amour, leur vive gratitude, leur attachement inébranlable à la constitution et à la suprématie britanniques »... un texte aussi passionné et passionnant ne se termine pas là, bien sûr... Surtout que le paragraphe suivant début par « Oh ! mon pauvre pays, que tes chefs et tes hommes d'État te déshonorent et te dégradent ! » (Année 1849, pp. 804-805)
Un pavé qui vaut son pesant d'or !
Journal d'un fils de la liberté 1838-1855
AUTEUR
Véritable spécialiste de la famille Papineau, on doit ce travail à Georges Aubin qui a établi et annoté le présent ouvrage.
Georges Aubin a préparé pour le Septentrion l'édition du Journal d'un patriote exilé en Australie de François-Maurice Lepailleur, des Lettres à Judith de Siméon Marchesseault, des Souvenirs de jeunesse, d'Amédée Papineau et de Lettres de femmes au XIXe siècle (en collaboration avec Renée Blanchet).
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