D'Avignon. Médecin, patriote et nordiste
Pan peu connu de l'histoire nord-américaine et correspondance intégrale d'un Patriote québécois vivant aux États-Unis et ayant également participé à la guerre de Sécession américaine
Auteur : Jean Lamarre
Éditeur : VLB
Montréal, le 18 août 2009
Historiens et mordus d'histoire se feront un plaisir de plonger dans la lecture de ce livre où l'on découvre la vie peu banale qu'a menée Joseph-François D'Avignon, ce médecin canadien-français qui a été l'un des dirigeants des rébellions patriotes au Bas-Canada en 1837-1838, patriote canadien-français ayant dû se réfugier aux États-Unis à la suite de l'échec du premier soulèvement de 1837 pour y refaire sa vie et qui s'installa définitivement dans l'État de New York pour enfin s'engager comme officier-chirurgien dans l'armée nordiste, durant la guerre de Sécession états-unienne.
Permettant au lecteur de découvrir un pan peu connu de l'histoire nord-américaine par le biais de l'intégral des lettres qu'a envoyées D'Avignon à son fils, ce dernier étant revenu à Montréal pour ses études universitaires et devant s'occuper de ses affaires. Cette correspondance se poursuivit jusqu'à la mort du médecin en 1867, année historique canadienne.
Il s'agit d'un ouvrage vraiment précieux en ce qu'il permet de prendre connaissance des préoccupations de l'époque, de considérations sur la médecine et ses avancées, d'informations sur la société américaine et de ses objectifs au moment dans le cadre de la guerre de Sécession, de considérations plus personnelles et mondaines telles que les prix discutés ainsi que ses déplacements à titre de médecin de guerre aux États-Unis d'Amérique.
Typique et cocasse
D'Avignon s'écrit aussi Davignon. On sait en effet qu'à l'époque l'épellation des noms était sujette à des variations substantielles.
Sélection d'extraits
« Les Davignon, à l'instar d'un nombre considérable de médecins et d'avocats de l'époque, militent aux côtés de leurs concitoyens en faveur d'une réforme en profondeur du système politique en place qui, selon eux, tronque la démocratie instaurée en 1791 en marginalisant le pouvoir des députés élus à l'Assemblée au profit de celui du Gouverneur et des membres nommés aux Conseils exécutif et législatif du Bas-Canada. » (p. 17, chapitre premier Davignon le Patriote)
«
Lorsque la guerre éclate en 1861, D'Avignon est bien au fait des enjeux. Établi aux États-Unis depuis 1840, il a observé avec attention l'évolution du contentieux qui marque les relations entre les États du Sud et le gouvernement fédéral. Son passé témoigne de sa capacité à analyser une situation, à prendre position et à faire des gestes cohérents. » (p. 31, D'Avignon le Nordiste)
« D'Avignon est aussi sollicité par des experts médicaux. Avant la fin de la guerre, le directeur de la Société médicale de l'État de New York lui avait fait parvenir une lettre dans laquelle il lui demandait de partager ses observations tirérewes des dossiers médicaux des blessés à la bataille de Petersburg. » (p. 77, D'Avignon le héros)
Fait étonnant, toutes les lettres sont écrites en anglais, un anglais assez sommaire étant donné les circonstances. Voici un extrait depuis Au Sable Forks, N.Y., April 3, 1866 :
« Some of the papers of Montreal, especially The Telegraph, are full of venom against our government. They call us perfidious. They have forgotten that it was the United States which disarmed the Patriots of '37 & '38. Great Britain owes to Uncle Sam. » (p. 165)
L'auteur
Ayant déjà publié chez le même éditeur Les Canadiens français et la guerre civile américaine (1861-1865) - Une autre dimension de leur migration vers les États-Unis, Jean Lamarre a toujours été fasciné par les migrations chez le voisin du sud et y a consacré de nombreuses études. Des recherches récentes ont mené à la découverte de cette correspondance alors que peu de Canadiens français ont laissé trace de leur participation dans cette guerre américaine, tout particulièrement de la part de l'un des principaux dirigeants des rébellions de 1837-38. Longueuillois et professeur au Collège militaire royal de Kingston, il continue de s'intéresser à la présence francophone aux États-Unis et aux relations entre le Québec et les États-Unis.
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