Agrippina présenté par l'Opéra de Montréal
Photo © Jacqueline Mallette 2005

L'Opéra de Montréal présente Agrippina

Montréal, le 13 mars 2005

La toute première nouvelle production de l'Opéra de Montréal, Agrippina, a ouvert samedi soir, le 12 mars, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. C'est romantique, baroque et moderne tout à la fois.

Une magnifique distribution, tous les rôles de cette belle histoire sont joués superbement et la très douce musique de Handel est recréée avec tout son romantisme par Bernard Labadie et Les Violons du Roy. Et quelle pertinence de faire porter aux interprètes des costumes XXe siècle tout en conservant un décor de la Rome antique, les deux ayant été par ailleurs longuement négociés avec les compagnies new-yorkaises pour qui ils avaient été créés (le New York City Opera et le Glimmerglass Opera). Tous les personnages sont rendus et chantés magnifiquement : Lyne Fortin interprète bien cette Agrippine manipulatrice, Daniel Taylor prouve que l'on peut conserver le chevaleresque du baroque dans des habits modernes, Karina Gauvin passe la personnalité de Poppée sans se soucier de ses robes et ce, même quand elle est poussée sur scène dans une baignoire où elle s'habille ensuite, et n'hésite pas, le moment venu, à adopter des comportements hilarants d'épouse bourgeoise des années 1950. Bernard Labadie se trouve bien sûr un peu caché dans la fosse d'orchestre avec ses musiciens mais on le voit tout de même juste assez pour constater l'élan musical qu'il donne à l'opéra sans en obstruer la portion théâtrale.

C'est une petite révolution pour l'OdM et M. Bernard Labadie, directeur artistique, nous a fait part cette semaine lors d'une conférence de presse annonçant la saison 2005-6 (laquelle fera l'objet d'un article séparé) que beaucoup de mesures particulières ont dû être prises dans le but de bien rendre cette musique qui est axée vers le détail, dont la plus importante est l'usage d'une fosse d'orchestre du type 18e siècle où Les Violons du Roy se trouvent deux pieds sous le niveau du parterre.

C'est à voir les 12, 17, 19, 21 et 23 mars 2005 à 20 h.

Description de l'opéra Agrippina (source : Opéra de Montréal)

C’est avec Agrippina, chef-d’oeuvre de George Frideric Handel compositeur qui fait son entrée dans l’histoire de la compagnie, que l’Opéra de Montréal poursuit sa 25e saison en présentant en grande première, cet opéra baroque hors norme. Campé dans un décor moderne épuré aux touches stylisées rappelant la Rome antique, Agrippina sera défendu par une distribution presque entièrement canadienne. La soprano Lyne Fortin incarne Agrippine, puissante impératrice avide de régner, alors que, dans un rôle travesti, la mezzo-soprano Krisztina Szabó sera Néron, son fils qu’elle tente d’asseoir sur le trône de l’Empereur Claude, chanté par la basse américaine Kevin Burdette. La fausse ingénue Poppée, chantée par la soprano Karina Gauvin, qui fait ses débuts dans une production à la compagnie, sera courtisée par Othon, campé par l’alto masculin Daniel Taylor. Les rôles de Pallas, Narcisse et Lesbus seront tenus respectivement par Phillip Addis, baryton, Michelle Sutton, mezzo-soprano et Etienne Dupuis, baryton. Alors que la mise en scène a été confiée à Jacques Leblanc, on retrouvera dans la fosse d’orchestre à l’Opéra de Montréal, l’ensemble de Québec Les Violons du Roy, dirigé par son chef et aussi directeur artistique de l’OdM, Bernard Labadie qui vient tout juste d’être nommé Officier de l'Ordre du Canada. Les décors (John Conklin) et costumes contemporains (Jess Goldstein) proviennent du Glimmerglass Opera et du New York City Opera. La conception des éclairages est confiée à Matthieu Gourd

Le triomphe de la duplicité
« Agrippina est une comédie malicieusement satirique qui fait la part belle à l’érotisme, à la politique et à l’ambition féminine. Et la plume acérée de Grimani n’y épargne guerre ses personnages. » écrit Jonathan Keates dans sa biographie du compositeur, éditée chez Fayard. L’intrigue complexe porte sur de réels personnages historiques de la Rome antique au 1er siècle après J.-C., et regorge d’allusions à l‘actualité d’alors en abordant les thèmes de la soif du pouvoir et des changements politiques.

La perfide impératrice Agrippine ne reculera devant rien pour placer son fils Néron sur le trône de l’Empereur Claude, son second mari, et cela, dès l’annonce de la mort de celui-ci. Agrippine s’empresse alors d’avoir l’appui de Pallas et Narcisse, deux affranchis qu’elle manipule et à qui son époux accordait une confiance sans limite. Mais voilà, Claude est sauvé in extremis de la noyade par le valeureux Othon, à qui l’Empereur reconnaissant promet sa succession. Cependant, Othon n’a d‘yeux que pour la vaniteuse Poppée, qu’il préfère à la couronne impériale. Agrippine tournera la situation à son avantage et fomentera une nouvelle machination… Dans une suite ininterrompue de revirements de situations dignes d’un vaudeville où calomnies, impostures et trahisons se succèdent, Agrippine accroîtra son pouvoir et arrivera à ses fins en prenant un soin machiavélique à écorcher tous ses suivants…

« Agrippina est à maints égards, l’opéra de la duplicité : les apparences cachent toujours une vérité inavouée. Ainsi les lieux et les personnages historiques ne sont que des prétextes pour peindre une réalité contemporaine. » écrit Denis Morrier dans le programme annuel de l’OdM. Composée par un jeune génie de 24 ans, Agrippina est une ¦uvre forte déployant ce riche style vénitien moderne inspiré lors de son séjour de trois ans en Italie, et qui en fera sa renommée. Handel fut aussi très inspiré par la grande force théâtrale du texte du librettiste Vincenzo Grimani, homme d’église et diplomate, dont il tira une puissance d’imagination inépuisable; son opéra Agrippina en fut un des premiers bénéficiaires. Musicalement, tout est judicieusement écrit, de la grandiloquente ouverture à la française, aux quelques 40 arias dévolus aux rôles-titres, en passant par ces sonorités et rythmes vénitiens marqués aux cordes par un jeu virtuose. Lors de la création en 1709 à Venise, Agrippina fut acclamée par le public qui, devant autant de foisonnement créatif, criait à Handel « Viva Il Caro Sassone » étonné par la gravité et le sublime de son style. Pas moins de 27 représentations succédèrent à la première. Il aura toutefois fallu attendre plus de deux cents ans, soit en 1943 au festival de Halle en Allemagne, avant qu’Agrippina ne soit repris par une maison d’opéra. L’Opéra de Montréal redonne un nouveau souffle à Agrippina en programmant cette grande oeuvre avec une distribution des plus aguerries aux musiques et au chant baroques.

 



Distribution
Agrippine Lyne Fortin, soprano canadienne, chante régulièrement à la compagnie dans des premiers rôles. La saison dernière, elle incarnait le rôle-titre de Thaïs ; ses autres rôles à la compagnie incluent Gilda (Rigoletto), Fiordiligi (Così fan tutte), Violetta (La Traviata) et la comtesse Almaviva (Les Noces de Figaro). Cantatrice recherchée, elle est présente sur la plupart des scènes canadiennes. Récemment, elle a chanté La voix humaine (Poulenc) en Ontario et Hanna Glawari (La veuve joyeuse) à Québec. Ses engagements la mènent également aux États-Unis (Baltimore, Seattle, Michigan, Connecticut) et en Europe, notamment au De Vlaamse Opera en Belgique, où elle a incarné Madame de Tourvel (opéra fondé sur les Liaisons dangereuses) et Elettra (Idoménée). Au concert, elle est soliste invitée de plusieurs orchestres canadiens et américains comme ceux de Montréal, Québec, Calgary, Edmonton et Southwest Florida.

Néron Krisztina Szabó, mezzo-soprano canadienne, s’est fait remarquer au 8e Gala de la compagnie (2003), entre autres dans le duo de Delibes avec Karina Gauvin. Grande mozartienne, elle incarne Zerlina dans le film Don Giovanni : Leporello’s Revenge. Elle a joué Idamante (Idoménée), Octavia (Le Couronnement de Poppée), Ruggiero (Alcina), Siegrune (La Walkyrie), Néris (Médée de Cherubini) et Flora Bervoix (La Traviata). Ancienne stagiaire du Canadian Opera Company Ensemble Studio, elle a participé à de nombreuses productions au Canadian Opera Company. Elle mène également une carrière de soliste invitée d’ensembles tels Les Violons du Roy, le Toronto Mendelssohn Choir, le Symphony Nova Scotia, Les Voix Baroques et l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal au Festival international de Lanaudière.

Poppée Karina Gauvin, soprano canadienne. Sa prestation au 8e Gala (2003) confirme les critiques élogieuses dont cette artiste est l’objet depuis ses débuts. Lauréate de nombreux hommages, dont celui de « Soliste de l’année » de la Communauté radiophonique des programmes de langue française en 1996, et de plusieurs prix Opus, Karina Gauvin poursuit une carrière au concert et à l’opéra qui la mène partout sur des scènes de renom comme le Covent Garden à Londres et le Lincoln Center à New York. Son répertoire est vaste et couvre tous les styles et toutes les époques. Elle a participé à une tournée européenne du Musica Antiqua Köln et fait ses débuts au Philadelphia Orchestra. La saison dernière, elle tenait le rôle-titre d’Alcina avec Les Violons du Roy et se produisait récemment en récital avec Roger Vignoles au Victor Hugo Music Festival de Guernsey (Royaume-Uni).

Othon Daniel Taylor, alto masculin, a fait sensation à la compagnie dans Néron (Le Couronnement de Poppée) en 2000 où il faisait ses débuts à l’Opéra de Montréal. Il a également fait des débuts remarqués à Glyndebourne en 1997 dans Theodora (Handel), mis en scène par Peter Sellars. Très sollicité sur la scène internationale, tant à l’opéra qu’au concert, il s’est produit sur les scènes du Metropolitan Opera, de Glyndebourne, San Francisco et Rome, avec des ensembles aussi réputés que The Monteverdi Choir, The English Baroque Soloists et Les Arts Florissants. Récemment, il était de la distribution de l’oratorio Jephta (Handel) au Welsh National Opera. Sa discographie imposante comprend notamment Rinaldo (Handel) avec Cecilia Bartoli et The Academy of Ancient Music, sous la direction de Christopher Hogwood.

Claude Kevin Burdette, jeune basse américaine, fait ses débuts à la compagnie. D’abord intéressé par le droit, il embrasse la carrière lyrique à la suite de ses prestations au New York City Opera, notamment dans les rôles de Leporello (Don Giovanni) et Siroco (L’étoile). Il a chanté Don Alfonso dans Così fan tutte au Toledo Opera et le rôle-titre dans Les Noces de Figaro à l’Opera Grand Rapids. En mars 2003, il était Osmin dans L’Enlèvement au sérail à l’Opéra de Québec. La saison dernière, il a chanté Samuel dans Un Bal masqué (Verdi) au Collegiate Chorale à Carnegie Hall et complétait la distribution américaine de Die schwarze Spinne, un opéra de chambre du compositeur suisse Heinrich Sutermeister.

Direction musicale Bernard Labadie, chef d’orchestre originaire du Québec, est nommé directeur artistique de l’Opéra de Montréal en 2002 et fait ses débuts à ce titre en novembre 2003 dans Thaïs. Cette saison, il y dirige deux productions : Agrippina et Carmen. À titre de directeur musical et artistique de l’Opéra de Québec (1994 à 2003), il a dirigé une quinzaine de productions. Il était récemment chef lyrique invité au Opera Festival of New Jersey, au Glimmerglass Opera et au festival Mostly Mozart de New York où il dirigeait Così fan tutte en août dernier. Il mène une importante carrière de chef d’orchestre en Amérique du Nord et en Europe, notamment à la tête de ses ensembles Les Violons du Roy et La Chapelle de Québec, respectivement fondés en 1984 et 1985. À titre de chef invité, il dirigera cette saison et la prochaine saison les orchestres de Philadelphie, San Francisco, Los Angeles et St. Louis, entre autres.

Mise en scène Jacques Leblanc, metteur en scène canadien, il signait sa première mise en scène à la compagnie la saison dernière : La veuve joyeuse. L’année précédente, il fut lauréat du Prix de la Fondation de l’Opéra de Québec pour lequel il signe les mises en scène de Hänsel et Gretel (2001) et de La veuve joyeuse (2002). Également comédien, il a mis en scène de nombreux opéras à l’Atelier d’opéra de l’Université Laval, dont Le songe d’une nuit d’été (Britten), Xerxès (Handel), Dialogues des Carmélites et Les mamelles de Tirésias (Poulenc), et L’enfant et les sortilèges (Ravel).

Agrippina
Opéra en trois actes de George Frideric Handel (1685-1759)
Livret de Vincenzo Grimani
Créé à Venise au Teatro San Giovanni Gristostomo, le 26 décembre 1709.
Chanté en italien avec surtitres français et anglais
Première à l’Opéra de Montréal

Production à venir :
Didon et Énée de Henry Purcell
Production de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, en collaboration avec l’École nationale de théâtre du Canada et le Monument-National. Salle Ludger-Duvernay du Monument-National, les 8 et 9 avril 2005 à 20 h et le 10 avril 2005 à 16 h, Jean-Marie Zeitouni dirige l’ensemble Arion

Billets de 41 $ à 117 $.
Billetterie de la PdA (514) 842-2112 – Billetterie de l’OdM (514) 985-2258 ou via Internet : www.operademontreal.com

À la découverte de l’opéra
L’Opéra de Montréal offre de multiples occasions de se familiariser avec les oeuvres présentées au cours de sa saison 2004-2005 :

Les enfants de 17 ans et moins
Les abonnés à 3, 4 et 5 opéras bénéficient de 60% de rabais sur l'achat de billets pour les enfants qui les accompagnent à l'une ou l'autre des représentations.

Programme d'abonnement pour les 18-30ans
L'Opéra de Montréal offre aux jeunes de 18 à 30 ans la possibilité de s'abonner en bénéficiant de rabais importants, allant jusqu'à 60% : 35$ le premier opéra et 20$ les suivants.

technOpéra IV – Lundi 7 mars 2005, 19 h à la [SAT]
Des rencontres électrisantes réunissant des artistes de l’art lyrique et de jeunes créateurs du numérique, destinées aux abonnés 18-30 ans et à leurs amis! D’une durée de deux heures, ce quatrième technOpéra comprend une conférence sur Agrippina donnée par le musicologue Pierre Vachon, la diffusion d’une trame sonore par le musicien Jean-François Lemieux et un mix-session avec les VJs Valérie Leduc et Frédéric Beaulieu de K-Project et deux chanteurs de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, Allison Angelo et Pascale Beaudin, sur le thème de l’opéra à l’affiche.
Société des arts technologiques [SAT] : 1195, boulevard Saint-Laurent, Montréal / www.sat.qc.ca

Conférences préOpéra
Les conférences préOpéra sont données avant chacune des représentations de l’opéra à l’affiche. Animées par le musicologue Pierre Vachon, elles se tiennent au Piano Nobile de la salle Wilfrid-Pelletier à 18 h 30. (gratuit pour les abonnés, 5 $ pour les non-abonnés). En français avec résumé en anglais.

Hyperliens
Opéra de Montréal
Place des Arts
Prochain opéra: Carmen

Pour en savoir plus sur Montréal
• Quoi faire à Montréal : calendriers culturels
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