Géopolitique d'une ambition inuite
Auteur : Éric Canobbio
Éditeur : Septentrion, collection Territoires
Le Québec face à son destin nordique
« L'enjeu de la création d'un vaste espace régional dans le grand Nord du Québec, qui a pris le nom de Nunavik à la demande même des Inuits, traduit l'originalité de l'ancrage des ambitions inuites dans l'histoire contemporaine du Canada et du Québec. »
Montréal, le 1er juin 2009
« Contribution importante à une géopolitique du Nord » (Présentation par Henri Dorion, Directeur de la collection « Territoires », p. 9) et fruit de travaux substantiels depuis la rédaction de sa propre thèse de doctorat, le professeur français Éric Canobbio a récemment fait paraître aux Éditions du Septentrion à Québec un ouvrage cossu qui étudie la question inuite québécoise.
La problématique du peuple canadien de l'Arctique dont l'avenir semble désormais un enjeu majeur de notre espace monde fait l'objet d'une analyse présentée avec le recul et le franc parler sans équivoque d'un universitaire chevronné européen ayant franchi de nombreuses fois la frontière nordique pour en étudier la question. Il y fait état du cheminement et des enjeux qui concernent le Grand Nord québécois, territoire qui fait maintenant partie de la très chaute et convoitée région désertique de glace.
Quelques extraits
« La région du Nunavik, vaste comme la France et peuplée par seulement 10000 habitants, est au contraire aujourd'hui reconnue comme la région inuite la plus développée du monde circumpolaire et celle où ce développement semble spatialement le plus homogène. C'est aussi celle où l'identité inuite est la mieux défendue, la seule où une économie régionale inuite est réellement en voir de structuration. » (Introduction, p. 17)
Relatant des pages peu connues de l'histoire canadienne, il explique en page 51 à propos des déménagements du milieu du XXe siècle : « En réalité, le programme de délocalisation de familles esquimaudes poursuit un objectif qui n'est pas celui d'un retour à un mode de vie inuit autonome. Le contexte géostratégique canado-étatsunien dans l'Arctique canadien oblige Ottawa à admettre que sa présence réelle sur son espace septentrional ne lui permet pas d'y revendiquer une légitimité totale. » (p. 51)
« L'analyse multifactorielle d'Éric Canobbio est donc une contribution non seulement à la connaissance du processus d'émergence d'un pouvoir inuit au Québec, mais aussi à la compréhension d'un phénomène plus vaste qui est celui d'une nouvelle coexistence, ici comme ailleurs, de mondes différents, autrefois étrangers l'un à l'autre. Son analyse l'amène à des comparaisons avec d'autres situations dans le monde (jusq u'en Nouvelle-Calédonie !) ». On trouve cet extrait dans la Présentation par Henri Dorion, Directeur de la collection « Territoires », p. 10 qui conclut ses lignes à propos de ce livre qu'il « se lit comme le roman d'une grande idée et [qu'il] est en quelque sorte un hommage à la naturelle et patiente sagesse du peuple du froid. »
Il s'agit certainement d'un ouvrage de référence sur un thème peu abordé jusqu'à maintenant et qui ne peut qu'intéresser toute personne à l'affût de l'actualité internationale et globale. Divisé en trois parties, le livre élabore idées, faits historiques, discussions tenues lors de grandes conférences et enjeux réels sous des titres comme « Le rejet de l'Accord du lac Meech : l'exaspération autochtone face au consensus des peuples fondateurs » (p. 145) ou encore « Le temps des grands bouleversments géographiques : une région autonome pour combattre de nouvelles vulnérabilités » (p. 312) où il est question d'une conférence sur le climat (lui aussi en pleins bouleversements!!!) tenue à Paris en 2007, et permet à l'auteur de tirer en conclusion trois idées-fortes concernant les nouvelles réalités au Nunavik.
L'auteur
Éric Canobbio, docteur en géographie et géopolitique, est Maître de conférence au Département de géographie de l'Université Paris 8 Vincennes à Saint-Denis et chercheur au laboratoire Dynamiques sociales et recomposition des espaces (LADYSS). Ses recherches portent sur l'adaptabilité des milieux à fortes contraintes naturelles, montagnards et boréaux, face aux mutations économiques, sociales et écologiques. Il est élu de Boulc-en-Diois, une commune de moyenne montagne des Alpes. Entre autres publications, il est l'auteur de l'Atlas des Pôles, régions polaires : questions sur un avenir incertain (éditions Autrement, Paris).
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