L’art de défendre ses opinions expliqué à tout le monde
Auteur : Louis Cornellier
Éditeur : VLB
Vous êtes aux prises avec une personne qui a toujours raison et vous avez toujours tort ? Voici comment lui ou elle vous écrase
Montréal, le 14 mai 2009
Avez-vous quelque chose à dire ?
Dès les premières lignes de l'introduction, l'auteur vous donne une petite idée de ce qui attend le lecteur : « Les gens qui n’ont jamais d’opinion
sont mortellement ennuyeux. Dès qu’une discussion s’enclenche, ils se taisent ou
affirment que cela ne les intéresse pas. Ce ne sont pas des interlocuteurs stimulants. »
Par ailleurs, là n'est certainement pas l'opinion de tout le monde et définitivement pas des gens qui ont pris l'habitude d'abuser de leur pouvoir ou de la confiance des gens. Mais si on les laisse faire sans dénoncer, d'une part on subit jusqu'à plus soif et, d'autre part, on risque de se faire écraser ad vitam aeternam.
Les absents (et les silencieux) ont toujours tort
Traditionnellement, l'éducation catholique au Québec n'encourageait pas tellement les opinions personnelles ni de se permettre l'outrecuidance de réfléchir pour soi alors que l'église vous indiquait une pensée toute faite à avaler tout rond. Cela s'avère encore vrai assez souvent aujourd'hui, ce qui ne nous aide ni individuellement ni collectivement puisque pour bien faire il faudrait apprendre l'art de la discussion et de l'argumentation à l'école au même titre que la grammaire et l'informatique. « Or, débattre, échanger ses opinions argumentées, ce n'est pas se chicaner, mais plutôt se donner la chance d'évoluer pacifiquement », affirme l'auteur en page 9 et il a infiniment raison. Si on ne sait pas s'exprimer, on bloque au moment où il serait vraiment préférable de répondre aux questions ou d'ajouter sa vision aux idées des autres. La parole est d'argent et le silence est d'or, ce n'est bon que pour les cerveaux fermés.
Surtout lorsque l'interlocuteur a bien planifié son agenda (caché
ou pas)
Face à quelqu'un qui a l'habitude d'argumenter, la personne laissée sans connaissance ou formation adéquate n'a aucune chance de se faire entendre. Il faut une méthode ou des moyens, ne serait-ce que pour contrer les abus qui sont de plus en plus fréquents dans nos sociétés du chacun pour soi. « Même si la plupart d'entre eux ne sont pas recommandables parce qu'ils ne respectent pas les principes fondamentaux [...], les stratagèmes présentés dans L'art d'avoir toujours raison doivent être connus pour pouvoir être dénoncés... ou cyniquement utilisés [...] dans les situations où l'adversaire, par sa malice, ne laisse d'autre choix. Il faut néanmoins redire qu'avoir raison en trichant n'est ni honorable ni satisfaisant ainsi que le savent [...] les sportifs dopés. » (p. 97)
Conclusion de l'auteur
« Ce modeste ouvrage, qui fera sourire les experts qui mettent leur blouse de labo pour argumenter, n'avait pour ambition que de fournir à tout le monde, dans le langage le plus accessible possible, les outils nécessaires à la construction d'une opinion assez solidement argumentée pour convaincre aussi bien votre beau-frère lors d'un party de famille que, par l'entremise d'une lettre aux journaux, vos concitoyens dans l'espace public. » Tout est dit ; voilà exactement ce qu'il a accompli. L’ouvrage démystifie, vulgarise et revalorise avec brio la rhétorique, souvent méprisée.
L'auteur
Louis Cornellier enseigne la littérature au Cégep régional de
Lanaudière, à Joliette. Il fait la critique des essais québécois au
Devoir depuis 1998 et est chroniqueur à l’hebdomadaire lanaudois
L’Action. Il a publié trois recueils de poésie et plusieurs essais. En librairie depuis le 10 mars 2009 ~ 112 pages ~ 14,95 $.
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