PRIX FRANCE-ACADIE 2010
Le vol de l'aigle-pêcheur
Auteur : Raymond Breau
Éditions GID
ENTREVUE VIDÉO AVEC RAYMOND BREAU
Aussi auteur d'un recueil de réflexions, Le Bonheur est multiple
Le moyen-âge canadien-français des années 1950 au Nouveau-Brunswick
Un récit crève-coeur
Montréal, le 18 décembre 2010
Le Prix France-Acadie 2010 a été décerné à l’auteur Raymond Breau, résident de la ville de Québec, pour son récit Le Vol de l’aigle pêcheur, publié en avril 2009.
Dans cet ouvrage, un enfant se raconte et tente de comprendre le sens des épreuves que lui balance la vie. Lui et sa famille sont des Acadiens vivant au Nouveau-Brunswick, dans un village typiquement canadien où les anglophones sont systématiquement privilégiés par l'économie et les autorités, mais là n'est pas nécessairement le sujet du récit d'enfance que nous livre l'auteur avec toute la naïveté d'un jeune garçon pauvre qui partage ses pensées, réflexions et questionnements avec un aigle pêcheur. Inspiré de faits réels et animé de personnages attachants, Le Vol de l’aigle pêcheur est un livre rempli d’espoir dont la force et la vérité se retrouvent tout au long des quelque 500 pages qui le composent.
On découvre dans le récit d'enfance néo-brunswickoise francophone tout un monde d'immense pauvreté animé d'une solide volonté de survie, envers et contre toutes les embûches, les maladies, les saisons... Un monde où les garçons sont appelés par leur prénom mais leur soeur aînée se fait surnommer Fille et doit quitter l'école pour s'occuper du bébé et de la maisonnée lorsque leur mère tombe malade de la tuberculose et doit être hospitalisée dans un ville éloignée. Un monde où les familles de langue française se trouvent en situation compétitive l'une par rapport à l'autre mais s'entraident tout de même, fournissant à l'auteur et à son frère aîné, par exemple, le foin nécessaire à la paillasse qui leur servait de matelas et qu'il fallait aller chercher et transporter sur leur dos, de chez le fermier jusqu'à la maison. Un village éloigné de tout où pourtant, il fallait se conformer aux lois fédérales limitant les droits de pêche.
Telles furent les conditions de vie d'un homme de la génération des baby-boomers au Canada, dans une province maritime qui fut le théâtre infiniment éprouvant de la déportation des Acadiens, période de l'histoire où furent enlevés et déportés les francophones qui habitaient là au moment de l'arrivée des britanniques voulant leur prendre leurs terres bien situées au bord de la mer.
Le Vol de l’aigle pêcheur s'avère un témoignage incomparable, d'une intensité qui émeut vivement. Des êtres humains vivant dans une pauvreté chronique, ne connaissant rien de la vie ou de ses richesses. Le moyen-âge canadien-français.
ServicesMontreal.com a rencontré l'auteur juste avant son départ pour Paris où on lui a remis sa récompense le 26 novembre dernier au Centre culturel canadien. L'entrevue vidéo intégrale est incluse ci-après ainsi que les hyperliens pertinents.
EXTRAITS
« Je me suis demandé si c'était parce que l'oncle Marven ne parlait que l'anglais que le couple n'avaient pas eu d'enfants. » (p. 34)
« J'aurai sept ans dans quelques jours et, si je n'y vais pas, dada ne recevra plus ma part de la paie des enfants et nous mourrons de faim. » (p. 65)
« Au milieu de la classe, un drôle d'engin était juché sur un tas de livres rangés sur le pupitre de la maîtresse [...] On nous a expliqué que, comme il n'y a pas d'électricité dans l'école, c'est le petit moteur qui ferait tourner les roues sur lesquelles était embobiné le film que nous allions voir. » (p. 77)
« Des fois je me dis que si j'étais fou comme un certain Adrien Godin, quelqu'un ferait quelque chose pour mon mal d'oreille, comme on le fait pour lui quand il demande de l'aide. » (p. 98)
« Mais on n'a pas besoin d'aller à l'école pour apprendre l'anglais, puisque plusieurs de nos amis ne parlent pas le français. » (p. 111)
LE BONHEUR EST MULTIPLE
Raymond Breau, lauréat 2010 du prix France-Acadie pour Le vol de l'aigle pêcheur, a précédé son récit d'un recueil de réflexions dont plusieus sont vraiment très inspirantes. Intitulé Le Bonheur est multiple on y trouve sous la rubrique De la beauté que Les papillons sont des fleurs qui volent. Quelle belle trouvaille !
L'auteur y discute aussi de culture, de gestion, de vérité, de création, de la littérature... Il a entre autres une définition de Petitesse qui saura rejoindre ceux qui se font copier par des individus aux moeurs et aux scrupules organisationnellement sordides :
Quand le dialogue cède la place à « l'épiage » et le don au pillage. (p. 53)
Publié aux Éditions de la Francophonie, il comprend entre autres l'annonce du récit qui a valu à son auteur le prix France-Acadie 2010.
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