L’Accordeur de silences
Auteur : Mia Couto
Éditions Métailié, Paris
Bibliothèque portugaise
Titre original : Jesusalém
Traduit du portugais (Mozambique) par Elisabeth Monteiro Rodrigues
Montréal, le 25 août 2011
« Celui qui perd espoir fuit.
Celui qui perd confiance se cache.
Et il désirait à la fois fuir et se cacher.
»
L'INTRIGUE
Deux enfants, un père, un ancien militaire et un oncle approxima(tif) partagent aux abords d'une réserve africaine, une retraite du monde que le père a appelée Jérusalem où selon lui le Christ devrait se faire décrucifier. Il interdit à ses enfants d'apprendre à lire ou à écrire, de chanter ou d'exprimer toute forme de bonheur ou de tendresse ; il les occupe du matin au soir avec des rites qu'il a inventés. Il s'est extrait du monde et a emmené ses enfants avec lui, allant même jusqu'à débaptiser cérémonieusement tout le monde.
Un monde d'hommes
« La première fois que j’ai vu une femme j’avais onze ans » ; ainsi débute le roman qui se décline en trois livres, essentiels entre eux, insensés l'un sans l'autre.
La mère
Elle avait sûrement existé mais l'enfant Mwanito n'en avait pas souvenance : « Tellement silencieuse, elle avait cessé d'exister sans même qu'on remarque qu'elle ne vivait déjà plus parmi nous, les vivants en vigueur. » (p. 17). Quant à son frère aîné, il n'avait de cesse de la dessiner et de la redessiner en cachette.
LA PLUME
Belle et énigmatique, une saudade décoiffante...
L'AUTEUR Mia COUTO
Mia COUTO est né au Mozambique en 1955. Après avoir étudié la
médecine et la biologie à Maputo, il devient, en 1974, journaliste
d’abord au quotidien Noticias de Maputo, puis à l’hebdomadaire Tempo.
Actuellement il vit à Maputo où il est biologiste, spécialiste des zones
côtières, il enseigne l’écologie à l’université. Pour Henning Mankell, « il
est aujourd’hui l’un des auteurs les plus intéressants et les plus
importants d’Afrique ».
Il est l’auteur entre autres de Les Baleines de Quissico (Albin Michel,
1996), La Véranda du frangipanier (Albin Michel, 2000), Chronique des
jours de cendre (Albin Michel, 2003), Le Dernier vol du flamant (Chandeigne, 2010), Si Obama était africain (Chandeigne, 2010), Le Fil
des Missangas (Chandeigne, 2010).
EXTRAITS
« Les femmes sont comme des îles : toujours lointaines mais éclipsant toute la mer alentour. » (p. 53)
« Je ne lisais pas, je chantais, redoublant de désobéissance. » (p. 41)
« Celui qui perd espoir fuit.
Celui qui perd confiance se cache.
Et il désirait à la fois fuir et se cacher. » (p. 68)
« Moi, je restai seul face à l'abîme. Lentement, j'ouvris la porte et examinai l'entrée. C'était une vaste pièce vide, à l'odeur du temps conservé. Tandis que je m'habituais à la pénombre, je pensai : comment, au long de tant d'années d'enfance, n'avais-je jamais eu la curiosité d'explorer cet endroit interdit ? La raison, c'est que je n'avais jamais exercé ma propre enfance, mon père m'avait vieilli dès la naissance. » (p. 109)
« La langue de Marta avait une autre race, un autre sexe, un autre velours. » (p. 131)
« Et je réalisai : ce n'était pas tant les vêtements qui me couvraient mais la honte. » (p. 155)
Vient tout juste de paraître, en librairie aujourd'hui. Ou en ligne chez Métailié.
Éditions Métailié, Paris
Légers Arrangements avec la Vérité
Barroco tropical
Livres, musique, CD, DVD
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