Nécropolis 1209
Auteur : Santiago GAMBOA
Editions Métailié, Paris
Traduit de l'espagnol
Roman, religion pourrie, monde de tantouses droguées et garçons, congrès à Jérusalem, fortunes colossales...
Montréal, le 3 août 2010
Les éditions Métailié nous reviennent avec parmi leurs nouvelles parutions un auteur colombien qui dresse un portrait du monde comme on voudrait qu'il arrive à ne pas devenir parchemin en ruine(s) retrouvé en l'an 1209... ou 2109.
Le roman de 414 pages débute par une image descriptive, un jour dans la vie d'un homme sortant d'une longue maladie et qui reçoit une invitation pour participer à un congrès en Israël, dans une ville plus qu'historique refaçonnée plusieurs fois dans une même soirée par les bombes.
Le roman se divise en trois parties dont le premier tiers est lui-même sur deux plateaux de balance racontant deux histoires en parallèle. Dans le premier cas, un auteur en relâche depuis belle lurette participant à un congrès où il ne connaît personne et dans l'autre, toute une bande de faux-fuyants corrompus et orduriers qui fournissent à l'auteur l'occasion d'interpeller ses lecteurs en s'adressant à eux en des termes comme « mes loulous », « chers brothers auditeurs », mes frérots, etc., et ce vraiment très fréquemment, un peu comme un interlocuteur qui vous taperait de la main à chaque phrase pour rattraper insatiablement votre attention alors que vous seriez occupé(e) à admirer la démarche de quelqu'un du sexe opposé qui évoluerait sous vos yeux, cet interlocuteur n'ayant de cesse de vous parler de ses problèmes avec Lucifer en lui donnant à lui aussi toutes sortes de surnoms.
Ce que l'on retrouve par-dessus tout dans ce roman ce sont des personnages qui semblent se demander ce qu'ils font là et comment ils y sont parvenus.
Pourquoi nait-on pauvre, pourquoi se retrouve-t-on dans une impasse, comment faire pour s'en sortir et, quand on en a l'occasion, comment ne pas abuser de la crédulité des gens pour faire fortune, puis dilapider sa fortune pour contaminer les gens autour de soi y compris de jeunes garçons innocents et vivre une vie de débauche protégée en nombre de châteaux fortement clôturés tout en passant pour un saint auprès d'une population s'accrochant à toute parole qui semble angéliquement inspirée, une population plus que bernée par de faux super manipulateurs enragés de pouvoir et de finances. Au fond, c'est pas mal déjà comme ça, non?
A la lecture du roman, on se rend compte que l'auteur décrit tant et si bien le monde actuel que l'on finit par se poser la question à savoir si le titre de son roman ne représente pas la métropolis en devenir et si les personnages de Nécropolis 1209 ne sont pas dessinés sur un parchemin déjà élimé que l'on risque de retrouver dans un siècle informe de ruine(s) ou dans une chambre d'hôtel après avoir vu trop souvent la mort de près. Le cas échéant, les méandres empruntés seront-ils comme le livre, façonnés de détours et croisements inattendus, multiipliés, stupéfiants voire estomaquants ?
Ce roman a reçu à l'unanimité du jury le Premier Prix La Otra Orilla, décerné à Bogotá en 2009.
L'AUTEUR
Né en Colombie en 1966, Santiago Gamboa a étudié la littérature à l’université de Bogotá jusqu’en 1985, puis la philologie hispanique à Madrid. Il est l’auteur d’une thèse de doctorat à la Sorbonne sur la littérature cubaine. Journaliste au service de langue espagnole de RFI, correspondant du quotidien El Tiempo de Bogotá à Paris, Santiago Gamboa est actuellement attaché culturel de la Colombie à l’UNESCO.
EXTRAITS
« De nouveaux faisceaux lumineux montraient les images de ses tatouages et les gens vociféraient, murmuraient d'admiration et de peur, oui messieurs, la peur faisait partie du jeu. » (p. 110)
« C'est seulement plus tard que j'appris qu'il parlait de la bombe que le groupe radical Irgoun avait fait exploser dans l'hôtel... » (p. 74)
« J'ai pensé que les gens de CIBM avaient peut-être perçu dans mon travail un aspect que j'ignorais... » (p. 20)
« Jefferson et les sept samouraïs, comme j'appelais cette bande de jeunes athlètes tapettes, ont décidé de faire des modifications, d'abattre des cloisons, d'agrandir les pièces, d'aménager un élégant gymnase avec ... » (p. 110)
« Il se nettoya le visage et s'efforça de réfléchir. Il se rappela qu'avant de tomber il marchait en tête d'un groupe, mais allant trop vite il s'était retrouvé seul. Les ennemis étaient là [...] De nouveaux cris fusèrent et il crut comprendre quelques mots. [...] Il comprit qu'on lui disait, attrape la corde, ce qu'il fit. [...] En haut, une surprise l'attendait. Au lieu de ses camarades, il découvrit la cour remplie d'ennemis... » (pp. 165-166)
www.editions-metailie.com et lien direct vers l'extrait du livre.
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