L'État n'est pas soluble dans l'eau bénite
Auteur : Sam Haroun
Éditeur : Septentrion
Essai sur la laïcité au Québec
Montréal, le 16 juin 2008
Dans son coeur, l'infirmier hyper religieux est-il d'abord infirmier ou est-il bien avant tout hyper convaincu que ceux qui ne sont pas de la même religion que lui brûleront tous en enfer ? Quelles conséquences les engagements personnels envers une communauté donnée ou une religion peuvent-ils avoir si l'employé est fondé de pouvoirs, si minimes soient-ils ? Peut-il volontairement ou systématiquement ou encore inconsciemment placer au-dessous de tous les dossiers à traiter celui de celle qui est perçue par lui comme ennemie de son état d'esprit, de ses croyances et des valeurs apprises en côtoyant son groupe et, surtout, de la progression des pouvoirs de son groupe parmi lequel il détient peut-être des intérêts à ce qu'il soit le meilleur ?
Beaucoup a été dit et écrit sur les accommodements raisonnables. Voici un livre issue d'une pensée réfléchie et qui vaut la peine d'être lu, à la fois le livre et la réaction de l'auteur au rapport sur les accommodements raisonnables dont il dit, entre autres, dans un document intitulé ON NE FAIT PAS DE BONNE POLITIQUE AVEC DE BONS SENTIMENTS - Réflexions sur le rapport de la Commission Bouchard-Taylor :
« Parler en 2008 de Canadiens-Français et de minorités culturelles relève d’un ethno-centrisme étriqué. Quand on apparente le concept de peuple à ses soubassements raciaux, ethniques ou religieux, on le réduit à un état primaire, infrapolitique alors que le fonder sur le sentiment d’appartenance à une société et la volonté d’adhésion à ses valeurs élève les individus au rang de citoyens.
L’approche est tribale. Nous ne sommes pas venus au Canada pour faire partie de la sous-tribu des allophones visibles* qui graviterait, avec d’autres sous-tribus, autour de la grande tribu canadienne-française. Pour peu que l’on vive quelque temps au Québec, même venant des antipodes, Persan de Montesquieu ou Ingénu de Voltaire, on reconnaîtrait aisément qu’il existe sur ce territoire du nord-est de l’Amérique du Nord un peuple, non pas une peuplade, qui participe d’une langue et d’une culture communes, qui procède de traditions propres et d’institutions légitimées par l’histoire et la volonté de vivre ensemble. Et ce peuple s’appelle le peuple québécois.
[...]
Aussi bien l’approche se révèle manichéenne. D’un côté, les Canadiens-français affligés de paranoïa aigue, recroquevillés sur eux-mêmes, atteints de fièvre obsidionale, d’un autre côté, les minorités** des Tout le monde il est beau Tout le monde il est gentil ! Pour les nuances, on repassera ! C’est le propre de la paresse intellectuelle de recourir à ce genre de raccourcis et de faire porter sur les épaules des peuples d’Occident tous les péchés et tous les malheurs dont souffre l’humanité. »
Ce qui véritablement donne envie de lire le livre de Sam Haroun, auteur aussi de L'État n'est pas soluble dans l'eau bénite: Essai sur la laïcité au Québec, essai publié aux éditions du Septentrion, dans lequel il écrit :
« Comment, en effet, s'il est imprégné de valeurs aux antipodes de celles de la société d'accueil dont il ne veut pas se défaire, l'immigrant sera-t-il pénétré des mentalités et des modes de pensée qui forment le substrat culturel d'un peuple ? » (page 8, Définitions)
« Pour être intégré au Canada, il ne suffit pas d'être immigrant reçu, ni même d'en posséder le passeport, il faut avoir ou acquérir le réflexe laïque qui reconnaît des droits, certes, mais qui exige que l'on s'adapte aux mentalités et que l'on se plie aux usages. » (page 22, Définitions)
« Et nous arrivons à cette incroyable situation où la majorité des Canadiens, catholiques et protestants, ont moins de jours fériés que leurs compatriotes d'autres confessions. » (page 91, Confusion)
« Sous couvert de tolérance et de liberté religieuse, l'intégrisme, quant à lui, ne peut que se réjouir de la confusion créée par le multiculturalisme pour se draper de candeur démocratique et s'insérer dans la trame sociale. Qu'on ne s'y méprenne pas : malgré les revers et les obstacles rencontrés en chemin, l'intégrisme revient à la charge, usant de toutes les ficelles, abusant de toutes les naîvtés. Il tient pour acquis - et définitivement acquis! - que son dogme est le Vrai puisqu'il est révélé par ... » (page 100, Confrontation).
L'auteur Sam Haroun est d'origine libanaise et, entre autres, diplômé de l'Université de Lyon. Il vit au Québec depuis 1975.
Très
intéressant, ce point de vue d'un immigré.
Montréal
Articles
sur Montréal en français
LIVRES sur l'histoire et la géopolitique du Québec
Quoi faire à Montréal
Vidéos