Onontio le médiateur

La gestion des conflits amérindiens en Nouvelle-France 1603-1717
Auteur : Maxime Gohier
Éditions du Septentrion, Québec


Montréal, le 20 octobre 2008


Le 27 mai 1603, François Dupont-Gravé et Samuel de Champlain débarquent à Tadoussac où ils établissent avec les nations montagnaise, algonquine et etchemine, les bases d’une alliance qui allait unir leurs peuples pour les 160 prochaines années. Deux Montagnais qui ont été reçus par le roi Henri IV confirment au chef Anadabijou « que saditte Majesté leur voulloit du bien, & desiroit peupler leur terre, & faire paix avec leurs ennemis (qui sont les Irocois), ou leur envoyer des forces pour les vaincre ». Dans son récit intitulé Des Sauvages, Champlain résume ainsi la politique que la France entend mettre en  œuvre en Amérique du Nord. Tous les administrateurs après lui allaient poursuivre, tant  bien que mal, un même objectif : établir et maintenir une paix générale entre toutes les nations autochtones.

Ce système d’alliance repose toutefois sur un rapport inégal entre Français et Amérindiens, alors que le gouverneur français occupe le rôle prédominant. Celui que les Amérindiens appelaient communément Onontio – qui signifie La Grande Montagne ou La Belle Montagne, traduction huronne du nom de Charles Huault de Montmagny, premier  gouverneur de la Nouvelle-France – non seulement était leur « père » au sein de l’Alliance, mais il se présentait aussi comme « le médiateur de la paix publique », « l’arbitre absolu de la guerre et de la paix » ou même « le maistre des casses-testes », pour reprendre une formulation amérindienne.

Contrairement aux autres puissances européennes, les Français n’ont pas « divisé pour régner » ; ils ont plutôt misé sur la paix entre les autochtones pour consolider leur empire. Et l’un des moments clés dans l’histoire de la médiation française est sans contredit la Grande Paix de  Montréal, signée le 4 août 1701 par les Français et près d’une quarantaine de nations amérindiennes.


Au lendemain d'un sommet sur la francophonie qui s'est terminé littéralement hier et d'une plainte adressée le 16 octobre dernier par Terres en Vues au Comité international olympique pour demander des sanctions contre Richard Pound qui aurait tenu publiquement des propos racistes et discriminatoires envers les peuples autochtones d’Amérique dans une entrevue accordée au journal La Presse, déclarant que « il y a 400 ans, le Canada était un pays de sauvages, avec à peine 10 000 habitants d’ascendance européenne »,  alors que la Chine aurait, elle, « une civilisation de 5000 ans », voici un ouvrage qui est toujours infiniment d'actualité.

Onontio le médiateur raconte en effet l'histoire des enjeux, médiations, rencontres, déplacements de paix, politiques françaises autant qu'amérindiennes, ambitions et stratégies d'il y a quatre siècles entre les peuples qui habitaient l'Amérique ou qui y avaient un intérêt.

Extraits
« Le retrait précipité de Ganentaha avait rompu la paix franco-iroquoise. Toutefois, la présence française en Iroquoisie avait amorcé, au sein des Cinq-Nations, le développement d'un mouvement de sympathie à l'égard de la politique française de médiation. Comme les jésuites furent parmi les seuls représentants français en Iroquoisie, c'est à travers la religion, notamment, que s'est effectué ce processus. » (p. 111)

« La paix régérale que les Français ont tâché d'établir en Amérique du Nord trouvait ses racines dans une tradition à la fois juridique (celle du droit des gens) et politique (la médiation française en Europe).  » (p. 67)

Pour en savoir plus sur la recherche ou les espoirs de paix au temps de la colonie française en Amérique
L'ouvrage de 246 pages explique la formation d'alliances, les stratégies, les démarches et attentes des uns et des autres. On y trouve une bibliographie imposante de même qu'un index historique de plusieurs pages qui sert à retrouver facilement les renseignements concernant tel ou tel personnage(le chef outaouais Le Pesant, le comte de Frontenac Louis de Buade, l'ambassadeur onontagué Tionhaheouanu, Pierre Millet), peuple amérindien (Miamis, Folles Avoines, Sioux, Tsonontouans) ou blanc (Hollandais, Anglais), lieu (Montréal, Albany, Sault Sainte-Marie), événement (Guerre de Trente Ans), pratique (médiation), philosophie morale ou politique (l'École du droit naturel), traité (Utrecht) ou objet (wampum ou porcelaine), entre autres. Il s'agit d'un ouvrage rarissime sur la recherche de faits historiques et la recherche de la paix entre les peuples par le biais de la médiation, de ce qui entre en ligne de compte chez les Français comme chez les Amérindiens. Un livre québécois d'un intérêt remarquable qui, puisque on n'est jamais seul dans le Monde, étend sa portée sur à peu près toute l'Amérique connue de l'époque. Il consacre également tout un chapitre, tout particulièrement la clause de médiation, à La Grande Paix de Montréal signée le 4 août 1701.




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